Mahdia, cité au passé glorieux – elle fut la première capitale des califes fatimides au Xe siècle –, est bâtie à fleur de rocher sur une mince presqu’île. Elle tire tout son charme de sa mer couleur de saphir, de ses plages superbes, de sa médina et de son animation de petite ville traditionnelle, ville de pêcheurs et de tisseurs de soie.
Ancien comptoir carthaginois formant une presqu’île inexpugnable, le Cap Africa prit le nom de Mahdia en 912, lorsqu’Obeid Allah El Mahdi, calife de la dynastie des Fatimides, décida d’y fonder une nouvelle capitale qui porterait son nom. Il avait attendu que ses astrologues aient lu dans les étoiles la domination du lion, symbole de puissance, afin de placer sa ville sous un signe favorable. Il fit construire des fortifications et aménagea, à l’endroit le plus étroit de la presqu’île, une imposante porte dénommée la Skifa El Kahla (le “porche obscur”).
La ville renfermait alors, outre le palais du prince, la Grande Mosquée, l’Administration et les boutiques des artisans – tisserands, ferronniers, joailliers –, qui habitaient un faubourg sur le continent.
Mahdia connut une vie intellectuelle et artistique remarquable. Mais les Fatimides, affaiblis par les révoltes et les soulèvements internes, choisirent de fuir en Égypte et d’y fonder le Caire en 973. Mahdia fut le théâtre d’épopées avec les incursions des Normands de Sicile, des Génois, des Chevaliers de Malte puis des Espagnols, avant de retrouver la stabilité. Un repeuplement successif d’Andalous, d’Anatoliens et de pêcheurs siciliens en fit une ville riche de cultures et de traditions.
Lors du marché hebdomadaire (le vendredi), la Skiffa El Kahla se transforme en une véritable caverne d’Ali Baba, digne des Mille et Une Nuits, car les vieilles tisseuses, brodeuses et couturières y exposent, pour la vente, de très beaux costumes traditionnels.
Elles y étalent soieries et dorures, tandis qu’un véritable marché de l’or en bijoux s’y pratique : une occasion d’admirer le costume traditionnel féminin de Mahdia, sans conteste le plus riche de Tunisie, tant l’éclat de la soie aux couleurs vives le dispute à la somptuosité des broderies de fil d’or.
A Mahdia, la décoration des intérieurs des habitations fait l’objet d’un véritable culte ; le « Dar » (la maison) est une authentique œuvre d’art… Dans les plus riches demeures, en particulier à la rue des Hamza qui regroupe une douzaine de très belles maisons construites au siècle dernier par les membres d’une même famille, les murs du « majless » (pièce principale) sont recouverts de tissu brodé aux deux tiers de leur hauteur, tandis que la partie supérieure est décorée
de peintures. Les étagères en bois, peintes de couleurs vives, portent une multitude de poteries fines, de lance-parfum en verre soufflé aux couleurs délicates, de miroirs anciens aux cadres dorés. La corniche et le plafond sont,eux, peints de motifs floraux.
A quelques minutes des hôtels et des longues plages de sable fin, il fait bon flâner à travers les rues blanches de lamédina,entre les ateliers des tisserands et les bijouteries où s’expose le savoir-faire ancestral des artisans. Au détour des ruelles s’offre le spectacle serein des barques des pêcheurs glissant sur la mer d’un bleu profond. La promenade vous conduira vers la charmante place du Caire qui bruisse d’une animation toute méditerranéenne,vers la Grande Mosquée fatimide ou vers le café Sidi Salem suspendu au-dessus des vagues, à flanc de rochers.
Poursuivant vers la pointe de la presqu’île, vous rencontrerez les vestiges de l’ancien port punique et le majestueux fort turc où le corsaire Dragut repoussa jadis les attaques espagnoles.
Vous goûterez enfin toute la poésie du cimetière marin qui « étend, d’une rive à l’autre du promontoire, sa blancheur immaculée. Avec le jaune vif de son champ de marguerites au printemps, les profondes silhouettes des remparts qui l’entourent, ou l’épave d’une barque sur la roche cendrée de la calanque voisine, ce cimetière marin procure, comme nulle part ailleurs, un apaisement, une détente spirituelle. »
Vous goûterez enfin toute la poésie du cimetière marin qui « étend, d’une rive à l’autre du promontoire, sa blancheur immaculée. Avec le jaune vif de son champ de marguerites au printemps, les profondes silhouettes des remparts qui l’entourent, ou l’épave d’une barque sur la roche cendrée de la calanque voisine, ce cimetière marin procure, comme nulle part ailleurs, un apaisement, une détente spirituelle. »